Les cinq quartiers de l'orange - Joanne Harris (FeminiBooks 2019)



J’ai reçu ce roman dans la box d’octobre 2018 de la Glory Book Box sur le thème orange. J’aime beaucoup le principe de cette box qui veut faire découvrir chaque mois deux romans d’autrices (dans la version classique). Le colis comporte également des petits goodies et un petit livret qui présente entre autres les autrices et des recommandations de livres, films et podcasts.
J’ai lu « Les cinq quartiers de l’orange » dans le cadre du FeminiBooks pour le mois de janvier : découvrir une nouvelle autrice. Puisque je n’avais pas moi-même choisi d’acheter ce livre, je n’avais aucun a priori sur l’histoire, en dehors du fait qu’elle se déroulait pendant la Seconde Guerre mondiale et que je ne suis pas très fan de cette époque dans la littérature.


Le thème de la Seconde Guerre mondiale est pourtant appréhendé différemment dans ce roman dont la trame principale se déroule pendant l’Occupation, dans un petit village de province français. De plus, tout est vu par les yeux d’un enfant de 9 ans qui est certes très débrouillarde, mais également assez naïve quant à l’aspect géopolitique de la situation – ce qui est tout à fait normal puisqu’elle n'a que 9 ans.

La narratrice, Framboise Dartigen, est une femme âgée qui décide de retourner habiter dans la ferme dans laquelle avait grandi jusqu’à ses 9 ans. Elle s’y installe sous le nom de Simon, le nom de son mari, car les Dartigen sont détestés dans ce village des Laveuses. Le roman tourne autour de ce secret de famille qui, des décennies plus tard, aura toujours des implications très graves pour Framboise et sa famille.

Dès le début de son récit, Framboise prévient qu’elle ne compte pas se presser pour raconter ce lourd secret, et critique même l’empressement des lecteurices qui veulent tout savoir tout de suite. À la fin, on comprend avec elle qu’elle avait en fait besoin de temps pour lâcher prise sur ce secret si lourd de conséquences. Ainsi, la lecture semble parfois ardue car la narratrice se perd dans des souvenirs qui n’ont, au premier abord, aucun intérêt.


Les personnages sont intéressants mais peu attachants. Joanne Harris les peint sans ménagement et sans les sublimer. Je crois qu’aucun n’est réellement sympathique, à part peut-être Paul. Cependant, ce ne sont pas des personnes foncièrement mauvaises, chacune a son lot de traumas qui explique son comportement ou sa personnalité. Les thèmes qui ressortent le plus dans cette histoire sont le regret, la conscience d’avoir fait des erreurs et de ne pas pouvoir les réparer, et la culpabilité de ne pas réussir à rendre les choses meilleures pour soi et pour les autres. Ces sentiments se ressentent chez tous les personnages du roman et le talent de l’autrice réside en les doter tous d’une personnalité différente.

Framboise, par exemple, était horrible avec sa mère, la provoquait tout le temps et prenait un plaisir sadique à la voir souffrir. J’en éprouvais presque de la peine pour cette mère qui était pourtant dure et violente avec ses enfants. Des années après, en lisant l’album de recettes de sa mère dans laquelle celle-ci insérait des bribes de journal intime, Framboise comprend que sa mère n’était pas le monstre qu’elle croyait, et que, malgré tout, elle l’aimait profondément.
Il s’agit donc là d’une lecture très intéressante avec des personnages différents de ceux que l’on peut rencontrer habituellement, ne serait-ce que parce que tous les membres de la famille Dartigen portent un nom de fruit. L’histoire est dure par moments, terrifiante à d’autres (attention, il y a une scène de viol) et il ne faut pas s’attendre à un happy end. Après tout, se défaire d’un secret, d’un poids qui ronge tant de vies, est libérateur, et ça, ça n’a pas de prix.

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